RITA : Bien gérer son pâturage pour améliorer l’alimentation du troupeau et maîtriser les tiques : une solution gagnante !

Programme de la formation

Les remontés de terrain font état d’une situation alarmante concernant les tiques à La Réunion, notamment de la tique du bétail Rhipicephalus microplus, vecteur biologique et réservoir de Babesia bovis et B. bigemina. Cette situation est amplifiée par la diminution de molécules actives pour lutter contre cette tique et un phénomène de diminution d’efficacité des molécules restantes selon les éleveurs. La lutte chimique, bien que présentant les contraintes évoquées ci-dessus, potentiellement couplée à de la lutte environnementale, reste pour la majorité des éleveurs de l’île la seule mesure applicable. De nombreux éleveurs confrontés régulièrement aux tiques sont sur une fréquence de traitement non concordante avec le cycle de vie de R. microplus. Ceci laisse le temps à une partie des tiques d’effectuer leur phase parasitaire, donc de se gorger puis se laisser tomber au sol pour réinfester les parcelles avec leurs pontes. De ce fait, avec l’apport régulier de pontes massives de quelques individus, les parcelles restent une source de réinfestation récurrente malgré des traitements répétés. Une expérimentation sur la concordance entre le cycle de la tique, la rotation des pâtures et les fréquences de traitement a donc été réalisée en 2021-2022 par le GDS Réunion dans le cadre du RITA Animal. Les résultats sont convaincants et a permis d’amener l’infestation des animaux et aussi des parcelles à un niveau suffisamment bas pour permettre à l’éleveur d’arrêter les traitements et passer sur une phase d’observation. Outre la nécessité d’une maîtrise technique des traitements, cette expérimentation a aussi mis en lumière un prérequis indispensable. Le contrôle de l’infestation des prairies en larves de tiques par une approche environnementale ou chimique, et in fine de l’infestation sur bovin, demande dans un premier temps une maîtrise des rotations des bovins dans les pâtures. La durée d’une rotation, le temps de présence des animaux dans une parcelle et la possibilité de mise en défens d’une partie de la prairie sont autant de paramètres à considérer pour le contrôle des tiques. Pour cela, l’éleveur doit avoir un bon découpage parcellaire et être en mesure de définir la maturité des plantes fourragères, la productivité en biomasse de la prairie, la capacité de charge de chaque parcelle et les possibilités pour les parcelles d’été. Depuis l’année 2017, l’ARP a mis en place un Observatoire de la Pousse de l’Herbe sur les trois principales zones fourragères de l’île. Des mesures hebdomadaires de croissance de l’herbe sont réalisées tout au long de l’année, sur des parcelles pâturées, afin de suivre l’évolution de la production des prairies (quantité, qualité). L’objectif de ce dispositif est d’améliorer les connaissances sur la production fourragère, et d’avoir un outil de conseil, d’animation et de formation interactif autour de l’herbe. Les premiers résultats de cet Observatoire montrent à la Réunion une sous-valorisation des ressources prairiales. Les conséquences de cette sous valorisation sont multiples : mauvaise qualité du fourrage et de l’alimentation des animaux (difficultés de reproduction, croissances faibles), surcoût d’achat d’aliment concentré et de complément fourrager, baisse de la productivité des prairies (régression de la flore productive, développement des adventices). Une bonne gestion des prairies est la clé de réussite pour l’amélioration des résultats des élevages allaitants de la Réunion. La gestion du risque tique ne pouvant être détachée de la gestion du pâturage, seule une approche intégrée permettrait à l’éleveur d’y parvenir. Ce constat découle des innovations issues des thématiques du RITA Animal « Améliorer la productivité des prairies et la gestion des stock » et « Qualité sanitaire des cheptels bovins » (actuellement renommée « Gestion des vecteurs, nuisibles et ravageurs en élevage ») portées par l’ARP et le GDS Réunion respectivement. Dans cette optique, les deux structures s’associent pour proposer une formation pour le transfert de ces innovations et qui permettra à la fois l’optimisation de la ressource fourragère et la réduction du risque tique sur la base des rotations de pâtures.